Labyrinthe.
… Je pénètre dans l'étroit couloir de verdure du jardin. A ma droite comme à ma gauche, une haie verticale prévient ma fuite. Je ne peux qu'avancer. Savoir sur quoi va déboucher l'étrange chemin sans horizon…
(...) Livrée à l'aléatoire. Obligée d'avancer par le simple espoir de sortir et par une nécessité interne, mystérieuse, je me livre à un étrange pèlerinage : un de ces parcours inutiles, tout à fait gratuit et pourtant libérateur, dont le sens n'existe que dans et par sa réalisation physique. Une sorte de parcours élémentaire, dont les traces se trouvent peut-être dans notre mentalité primitive -- ou dans le devenir de notre évolution, pourquoi pas ?
Un parcours … qui nous boute hors de nos habitudes… et met en question notre courage, … Ainsi en est-il de cette belle et mystérieuse fantaisie architecturale qu'est le labyrinthe de jardin.
Edith de La Héronière
Longtemps le labyrinthe d'Occident, intégré dans l'espace sacré de l'église, y représentait le parcours du pèlerinage à Jérusalem, raccourci symbolique pour tous ceux qui n'avaient pas la capacité physique de se rendre jusqu'aux Lieux Saints.
A la fin du Moyen Age, quittant l'espace de l'église, il devint un élément de l'art du jardin de la Renaissance, en particulier en Italie.
Zone d'inquiétude physique, il devait aussi introduire dans l'architecture du jardin une interrogation métaphysique.
Le labyrinthe de jardin, s'il peut passer pour un jeu, rappelle dans l'inconscient collectif, l'univers de la forêt primitive.
La surprise des croisements, la joie des contrastes, l’insolite et l’inconnue des couleurs…